Et si nous avions tout faux sur l'intimité des 18-29 ans? C'est en substance ce que note la sociologue Marie Bergström, qui décrypte les évolutions en matière de sexualité au sein de la génération Z.
On les dit tantôt prudes et désintéressé·es par le sexe, tantôt accros au porno et adeptes des rencontres sans lendemain par le biais des applications. Les jeunes adultes et leur manière de vivre leur sexualité font couler beaucoup d'encre. À la moindre statistique, les éditorialistes et les psychologues de comptoir s'enflamment et glosent, en proposant des lectures aussi contradictoires qu'erronées. Car sans les clés de lecture nécessaires, leurs «analyses» tombent à plat et ne servent qu'à alimenter des jugements négatifs, méprisants ou alarmistes, ainsi que de véritables paniques morales.
Paru le 20 mars aux éditions La Découverte, le livre La sexualité qui vient – Jeunesse et relations intimes après #MeToo, écrit sous la direction de la sociologue Marie Bergström, permet de prendre le contre-pied de ces interprétations hâtives en s'appuyant sur une grande enquête inédite de l'Institut national d'études démographiques (INED), menée auprès de quelque 10.000 jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans. Cet ouvrage collectif passionnant offre un regard neuf sur une génération au sein de laquelle s'invente la sexualité de demain.
S'il est une question qui a attiré l'intérêt des commentateurs de tout poil, c'est celle d'un supposé désintérêt des jeunes adultes pour la sexualité. Au cours des années 2010, après avoir tiré la sonnette d'alarme sur une génération «Skins party» qui baisait à tout va, très jeune et sous l'emprise de drogues, les quadras et les quinquas –notamment dans la presse conservatrice– s'inquiètent désormais d'une nouvelle génération coincée, déprimée et qui ne sait plus s'amuser. Mais que cache en réalité cette baisse du nombre de relations sexuelles déclarées?
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