Lancée dans les années 1960 et symbolisée par la démocratisation de la pilule contraceptive, la libération sexuelle n'a pourtant pas été complètement achevée, avec l'entretien des inégalités femmes-hommes. Heureusement, elle se poursuit de nos jours.
Lorsque l'on parle de «révolution sexuelle» ou de «libération sexuelle», on pense généralement à Mai 68 en s'imaginant une période de transformation radicale, au cours de laquelle la sexualité n'est enfin plus pensée comme uniquement procréatrice et où le poids de la morale sur les comportements se serait allégé, afin que chacun et chacune puisse désormais «jouir sans entraves».
«Chacun et chacune», vraiment? Bof. Parce que ce qui ressort des analyses et des critiques de cette révolution sexuelle, même de celles de l'époque, c'est que s'il y a eu des avancées sociales majeures, celles-ci ont surtout profité aux hommes cisgenres hétérosexuels et pas vraiment aux femmes ni aux autres personnes sexisées.
La persistance de la sexualité pénétro-centrée et de la charge émotionnelle qui pèse sur les épaules des femmes, mais aussi de la culture du viol, du male gaze (le regard masculin dominant), de l'urgence de visibiliser les violences sexuelles et conjugales, montrent à quel point, près de cinquante-six après «l'année érotique», la sexualité est restée (et reste) inégalitaire –même si des évolutions plus récentes semblent rebattre les cartes.
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