C'est le moment de penser à tout ce que l'on a envie de jeter dans un grand feu de joie imaginaire au soir du 31 décembre.
Dans le domaine de la sexualité et des relations intimes qui connaît, je crois, une salvatrice révolution depuis quelques années, il y a encore beaucoup de choses qui restent collées comme de vieux chewing-gums à nos usages collectifs.
Qu'il s'agisse de mots ou d'expressions, d'idées reçues ou de comportements, petit passage en revue de tout ce que l'on a envie d'enterrer avec 2024. Merci à celleux qui ont bien voulu partager leurs réflexions à ce sujet, c'est une nouvelle fois précieux.
Pour commencer, une première chose: il est urgent de cesser de considérer que le viol est une affaire de sexualité, quelque chose qui relèverait d'une pulsion sexuelle impossible à réprimer. Comme l'écrit ici Sarah Irminger de l'association Viol-Secours à Genève, «il s'agit au contraire d'une volonté de prise de pouvoir d'une personne sur une autre […] pendant laquelle un ou des actes sexuels sont utilisés comme moyens d'agresser et de soumettre».
Dans un article paru dans Basta!, le criminologue Loïck Villerbu insiste: «Le viol est d'abord une agression. Et l'agresseur élit le champ sexuel. C'est trop facile d'imaginer que c'est un orgasme comme un autre. Il est beaucoup plus difficile d'imaginer que l'orgasme est obtenu au prix de la soumission de l'autre. L'agresseur veut d'abord transgresser la résistance de l'autre. Il recherche la toute-puissance et la domination. Être considéré comme un objet est d'ailleurs ce qui traumatise le plus les victimes.»
Sortir le viol du champ de la sexualité et le prendre pour ce qu'il est –un crime et un instrument de domination– est crucial, et il est temps que cela rentre dans toutes les têtes. Cette précision d'introduction explique que si cet article sera traversé par des remises en question de l'hétéronormativité, du patriarcat et par là même de la culture du viol, je n'y aborderai pas les violences sexuelles en tant que telles.
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