«Scruter une société par ses recoins pileux peut paraître a priori bien futile, écrit l'ethnologue Christian Bromberger dans Les sens du poil – Une anthropologie de la pilosité. Mais ces jeux de l'apparence qui semblent détourner de l'essentiel nous y ramènent brutalement quand on considère les passions, les polémiques, les interdits, les violences qu'ils peuvent susciter. […] Si le poil déclenche autant de débats, voire de drame, ici et là, c'est que s'y cristallisent les problèmes que se pose toute société: la distinction entre les hommes et les femmes, nous et les autres, le civilisé et le sauvage, l'homme et l'animal, etc.»
Il est vrai qu'aujourd'hui encore, le poil, notamment féminin, est l'objet de bien des débats, de bien des passions et de bien des haines. Combien de femmes se sont fait harceler sur les réseaux sociaux après la publication d'une photo, touffes axillaires apparentes? Combien de personnes ont subi des commentaires réprobateurs pour une toison un peu trop touffue au goût de leurs détracteurs? Combien sont celles et ceux qui ont développé des complexes pour une pilosité «trop» ou «pas assez» prononcée?
Mais, en même temps, combien de personnes kiffent leur poils? S'affirment par leur biais? Sans parler de celles qui lui trouvent un potentiel érotique certain?
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