Intimité·s

La newsletter sexo de Slate, par Laure Dasinieres

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Par Slate France
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Sept ans après, comment #MeToo a mené des hommes à repenser leur sexualité

Le mouvement a représenté un tournant dans la vie intime de certains hommes, qui ont saisi l'occasion pour s'interroger sur les notions liées au consentement et au respect.

Le mouvement #MeToo et le champ d'expression qu'il a pu ouvrir dans les médias et la fiction ont-ils vraiment changé la donne en faveur d'une sexualité plus égalitaire, davantage fondée sur le consentement, le dialogue et le respect mutuels? Les résultats d'un récent sondage paru dans Elle font froid dans le dos. On y apprend que:

  • 57% des hommes qui ont répondu interprètent l'absence d'un «non» explicite comme le feu vert à une relation sexuelle. 

  • 58% d'entre eux estiment qu'il est acceptable d'insister après un «non» car leur partenaire peut changer d'avis.

  • 64% d'entre eux trouvent normal qu'un homme soit excité par une femme qui résiste.

  • Près de 60% des 25-34 ans croient qu'un «oui» équivaut à un accord pour tous les actes sexuels.

C'est comme si rien n'avait changé, ou si peu… Aujourd'hui, il ne fait malheureusement aucun doute que l'héritage patriarcal et la culture du viol demeurent massifs et n'ont rien d'un petit fond résiduel qui serait le fait de quelques boomers. On l'a vu récemment avec des réactions hallucinantes lors du procès Pelicot, mais aussi dans des livres et prises de parole de femmes qui estiment que #MeToo est allé trop loin.

Malgré tout, depuis sept ans, il m'est arrivé à de nombreuses reprises d'échanger avec des hommes de mon entourage qui m'ont dit que #MeToo leur avait permis de prendre conscience à la fois du poids social du patriarcat et de comportements problématiques qu'ils avaient pu avoir. Passé le constat, ils m'ont expliqué avoir réinventé leur manière d'être et d'agir avec leurs partenaires, afin d'être plus à l'écoute du désir et du consentement de l'autre.

Au-delà de mon cercle d'amis, j'ai voulu donner la parole à ces hommes –sans doute peu nombreux– qui ont repensé leurs rapports de séduction et leur sexualité au cours des dernières années. Loin d'être des héros, même pas forcément toujours ce que l'on pourrait appeler des alliés, ils sont pour autant ceux qui peuvent porter un discours progressiste auprès de leurs potes réfractaires, si tant est qu'ils n'aient pas coupé les ponts avec eux.

Parmi ceux avec lesquels j'ai pu échanger, certains m'ont révélé une prise de conscience des oppressions et violences systémiques exercées sur les personnes sexisées. «C'est avec #MeToo que j'ai réalisé ce que signifiait la culture du viol et plus largement la société patriarcale. J'avais connaissance de ces termes mais jusqu'alors, c'était abstrait. Je les pensais excessifs et ne concernant qu'une minorité de femmes», explique Clément, 43 ans.

Quelques-uns se sont arrêtés à ça. D'autres, ceux qui m'intéressent vraiment ici, ont fait davantage d'efforts de remise en question individuelle et ont modifié leurs comportements. Parce que c'est bien gentil de prendre conscience d'une chose, encore faut-il que cela se traduise en actes.

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